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Directeur de la Mission Démocratie Locale, et avant cela chercheur en sociologie et anthropologie, Diego Fernández Varas a entrepris la mise en place de deux thèses CIFRE au sein de la Ville de Grenoble. C'est dans ce contexte qu'il encadre les travaux d'Antoine Gonthier et Thibault Jouannic.

Les doctorants :

Antoine Gonthier réalise une thèse qui vise à éclairer le concept de « démocratie d’interpellation », en explorant les conditions qui permettent aux protestataires et aux acteurs institutionnels de passer d’une situation conflictuelle à un dialogue permettant d’aboutir à des accords susceptibles d’enrichir l’action publique.

Les travaux de Thibault Jouannic sont quant à eux centrés sur l'évaluation de la démocratie participative : un enjeu de taille car les politiques publiques en la matière sont de plus en plus nombreuses mais peu analysées. Outils, indicateurs et réflexion épistémologique permettront de mettre en lumière les jeux d'acteurs et les effets de ces dispositifs.

 

Le recours à la Cifre : construction d’un mode opératoire

La Ville de Grenoble avait déjà accueilli des thèses Cifre, au gré des appétences et des besoins des directeurs et directrices de services ou des opportunités. « Pour cette nouvelle expérience nous avons souhaité de changer de méthode, le choix des projets a fait alors l’objet d’un long travail de préfiguration ». Diego Fernández Varas insiste sur la première étape : « il faut avant tout identifier des champs thématiques qui nécessitent du personnel hautement qualifié, capable de réflexion et de recul sur des politiques publiques spécifiques ».

A l’issue de la réflexion initiale, un appel à projets a ensuite été lancé autour des thèmes couvrant des besoins de la collectivité. 16 propositions rendues anonymes ont été analysées par un groupe d’élu-es et d’agents issus de différents services de la Ville, à l’aide de l’outil informatique Cartodébat. Les dossiers devaient bien sûr proposer une thèse en lien avec les thématiques de recherche identifiées dans l’appel à candidatures, mais aussi souligner l’intérêt de faire ce travail avec la collectivité et dans ce territoire, et avoir le soutien formel d’un laboratoire de rattachement. Si le process est long, il est à la hauteur des enjeux. Diego Fernández Varas y voit par ailleurs « un moyen de susciter une adhésion autour de ces projets Cifre » en y intégrant plusieurs composantes de la collectivité.

A l’issue de cette phase, 7 candidat(e)s ont été reçu(e)s en entretien et 1 projet retenu pour chaque thématique. Rapidement, les 2 futurs doctorants ont été embauchés par la Ville durant le montage du dossier et cela jusqu’à la réponse de l’ANRT. Les candidats ne se sont inscrits à l’école doctorale qu’une fois les dossiers validés, afin de ne pas les pénaliser si une seconde candidature était nécessaire*.

*Pour rappel, le ou la doctorante qui postule en Cifre ne doit pas être inscrit(e) en thèse depuis plus de 9 mois à date de réception du dossier par l’ANRT. Si jamais une seconde candidature est nécessaire pour valider la CIFRE, ce délai peut vite être atteint.

 

 

La recherche intégrée, mode d’emploi

Diego Fernández Varas encadre ces deux projets Cifre au sein de la collectivité. Sa propre expérience du doctorat et de chercheur lui permet de saisir les enjeux de la thèse pour ces deux doctorants : l’importance d’échanger sur leur travail, de rencontrer d’autres Cifre, et de s’impliquer très tôt dans les projets de la Ville. Leur intégration dans la collectivité avant le début de la thèse leur permet de se familiariser avec cet environnement, de prendre les sujets en main et de commencer à travailler avec tout l’écosystème d’acteurs impliqués dans leurs travaux.

Les deux doctorants sont au cœur d’une démarche expérimentale grâce à leur implication dans la mise en place de politiques publiques innovantes qui intéressent beaucoup de partenaires. L’un de ces projets Cifre est par exemple dédié à la mise en place et à l’animation d’un dispositif de prise en compte de l’interpellation citoyenne par la médiation. Le second projet est pour sa part étroitement lié aux conventions citoyennes lancées par la Ville, et notamment celle concernant la gestion de la crise du COVID-19.

Peut-on mesurer la dimension opérationnelle des collaborations Cifre ? Absolument, estime Diego Fernández Varas. Les deux dossiers ayant été validés par l’ANRT en avril 2021, les deux doctorants, grâce à leur contrat préalable, ont pu s’immerger très tôt dans les projets. Trois webinaires à destination des agents et des élus ont déjà été réalisés autour de chaque thématique. L’intérêt des acteurs publics et universitaires pour ces sujets permet d’avancer dans la mise en œuvre de politiques spécifiques au niveau local et accélère les échanges et la valorisation.

Les Cifre, un atout pour les acteurs publics.

Outre ces deux nouveaux projets de thèse, deux autres Cifre sont déjà en cours à la Ville de Grenoble. La Métropole en accueille également, tout comme l’agence d’urbanisme de la région grenobloise ou encore la Chaire des territoires en transition. Ces recours au dispositif Cifre, indépendants les uns des autres, illustrent néanmoins l’intérêt croissant des acteurs publics locaux pour les profils issus de la recherche.

A l’aune de son parcours, Diego Fernández Varas explique que le doctorat confère une certaine légitimité dans des missions où l’analyse tient un rôle primordial. La connaissance des sciences humaines et sociales - « anticorps face aux réponses toutes faites » - la capacité à prendre du recul et à s’affranchir des processus traditionnels sont autant d’atouts dans un environnement où le doctorat demeure peu valorisé. Les profils Cifre adossés à des collectivités sont aussi souvent plus atypiques dans la recherche, car ils témoignent d’un attrait pour le monde de la recherche et celui des politiques publiques.

Enfin, si l’aspect financier est souvent présenté comme un frein par les décideurs, il rappelle qu’un doctorant dispose d’un niveau master, et que le poste est, grâce à la CIFRE, moins coûteux que celui d’un attaché territorial par exemple. De même, un doctorant Cifre dispose d’une réelle capacité de portage de projet et travaille avec les exigences qui sont celles de la thèse. S’il s’agit d’un recrutement pour 3 ans, l’impact pour les activités de la Ville s’inscrit à plus long-terme, notamment grâce au transfert de savoirs et de connaissances au sein des services.

Les trois doctorants actuellement en poste à la Ville de Grenoble avec leurs encadrants : Lara Assouline, Directrice générale adjointe Ville résiliente et Diego Fernández Varas, Directeur de la Mission Démocratie locale.

© Photo : Thierry Chenu, Ville de Grenoble.