Diplômée en Urbanisme, Adèle Morland réalise une thèse Cifre avec la Métropole Aix-Marseille Provence et le Lab’Urba (Université Paris-Est) sur l’impact des démarches participatives vis-à-vis de l’action publique locale, notamment dans les quartiers populaires.
D’une mairie à une métropole
A l’issue d’un parcours en CPGE Lettre et en urbanisme, Adèle Morland effectue deux premières expériences dans le champ de la politique de la ville et des études SIG. Son intérêt pour les questions de participation citoyenne la conduit à réaliser un service civique dans un centre social, un environnement où elle côtoie beaucoup de diplômé(e)s en sciences humaines et sociales. Peu tentée par les postes proposés dans son domaine de formation, la thèse Cifre lui apparait ensuite comme une opportunité professionnelle plus proche de ses aspirations.
Avec ses directrices de thèse, elle élabore un sujet dont elle souhaite qu’il épouse les préoccupations des professionnels puis entreprend de démarcher des partenaires potentiels. Si le milieu associatif est peu envisageable pour des questions de budget des structures, elle noue des contacts avec un bureau d’études spécialisé qui la met en relation avec la ville de Miramas (26 000 hab., Bouches-du-Rhône). Celle-ci travaille alors sur des questions de démocratie participative avec ce bureau d’études et se montre intéressée par le projet de thèse.
Six mois plus tard et une fois le dossier Cifre monté et validé, Adèle intègre le service Politique de la ville et Rénovation urbaine de la Ville, mais la loi NOTRe entre alors en jeu. La recomposition du paysage communal/intercommunal et les transferts de compétences font que son service est appelé à intégrer la Métropole Aix-Marseille Provence. Ce changement de structure d’accueil implique donc, pour l’ANRT, la mise en place d’un nouveau contrat Cifre, bien que sujet, encadrement et laboratoire de rattachement demeurent identiques.
Doctorante Cifre : « une chercheuse embarquée »
Dans ses travaux, Adèle Morland s’interroge sur les effets d’une démarche participative sur la façon de faire de l’urbanisme dans les quartiers populaires et passe beaucoup de temps sur le terrain. En témoigne la répartition de son temps à 80% à la Métropole la première année de sa thèse, contre 20% la troisième année. Aujourd’hui, elle continue à se rendre à Miramas et dans sa structure d’accueil, même pour la phase de rédaction de la thèse. Cela permet certes de conserver une vie sociale de bureau, mais surtout de rendre visible les différentes étapes du travail de recherche pour ses collègues.
L’éloignement géographique du laboratoire peut renforcer le sentiment de distance vis-à-vis de la sphère universitaire. Malgré divers contacts avec d’autres membres du laboratoire, il n’est pas évident de participer aux travaux de recherches collectifs et la relation avec ses directrices de thèse ne suffit pas forcément à créer un lien fort avec l’ensemble du labo. Pour s’investir dans la communauté doctorale, elle a choisi de de devenir l’une des représentantes des doctorant(e)s du laboratoire.
Penser les spécificités de la Cifre
La thèse Cifre implique un certain nombre de défis auquel on ne s’attend pas toujours. Adèle rappelle qu’il faut ainsi s’attendre à une dimension administrative importante lors de la phase du montage de projet. Une collectivité qui embauche une doctorante Cifre pour la première fois se pose des questions très pratiques, notamment en matière de ressources humaines. Le contrat de collaboration établi entre la structure d’accueil et le laboratoire doit aussi trancher sur de nombreux points, à l’image de la prise en charge des frais de déplacements de la doctorante.
Adèle insiste aussi sur le fait que la thèse Cifre vous plonge simultanément dans deux environnements professionnels très différents, ici ceux de la recherche et de l’action publique locale. On a parfois le sentiment qu’une thèse Cifre va être spontanément utile aux professionnels du secteur concerné, mais il faut en réalité faire comprendre sa position et garder en tête les logiques pragmatiques et les stratégies des structures avec lesquels on travaille.
Dans ce contexte, il faut consacrer une partie de sa démarche à la transmission de ses travaux, auprès de celles et ceux avec qui on évolue au cours de la Cifre, mais aussi, dans le cas d’Adèle, auprès des habitant(e)s concerné(e)s par sa thèse. Il faut se préparer à ce que la réflexion sur la méthodologie et la posture de la chercheuse soit une composante essentielle de la thèse.