Véronique Biau, architecte, docteure en sociologie, est chercheure au Laboratoire Espaces Travail (LET) de l'École d'Architecture de Paris La Villette. Elle dirige une thèse Cifre en collectivité pour la première fois.
Pourquoi avoir choisi de diriger une thèse Cifre en collectivité ?
La thèse d’Angèle Launay porte sur les architectes face aux enjeux de la transition énergétique des territoires ruraux et plus spécifiquement sur la rénovation du bâti ordinaire. Pour la collectivité, qui fonctionne avec des ressources limitées, c'est la possibilité d’être accompagnée par une jeune professionnelle à haut niveau de compétence sur les innovations qu’elle conduit dans toutes sortes d’actions de transition énergétique. Pour Angèle, c’est un cadre qui lui permet de développer des compétences spécifiques, de voir l’utilité sociale de son action mais surtout d’avoir accès au système d’acteurs qui est l’objet de sa réflexion. Pour le laboratoire de recherche, ce sont de nouveaux partenariats, un apport de connaissance sur des milieux décisionnaires mal connus des universitaires.
Que change la Cifre dans la manière d’encadrer le travail de thèse ?
Le suivi d’une thèse Cifre est sans doute plus exigeant pour le ou les encadrant-s. D'une part il faut s’assurer que la mission fournie par la structure d’accueil soit parfaitement compatible avec le développement du travail de doctorat. Le contrat Cifre prévoit 3 ans de collaboration, c’est court. Il ne faut donc pas que le travail en milieu professionnel fasse perdre du temps à la thèse !
D’autre part, le-la doctorant-e Cifre doit vraiment être conduit-e à dégager de son immersion un raisonnement scientifique robuste, destiné à produire des connaissances fondamentales de qualité.
Quels avantages à une co-direction ?
L’encadrant est plus directement exposé que dans les thèses classiques aux savoir-faire, aux modes de pensée, aux logiques d’action des professionnels qui environnent le doctorant. Dans le cas de la thèse d’Angèle, il y a une connaissance des acteurs et des processus qui demande une certaine technicité, y compris pour la directrice de thèse.
C’est la raison pour laquelle nous avons opté pour une co-direction : je suis la garante des questions de sociologie des acteurs, et ma collègue Anne d’Orazio apporte sa grande expertise en matière de performance énergétique et environnementale du bâti.
